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8 Mai, un férié bancal

    Une date mal choisie ?

    8 mai

    Le 8 mai célèbre officiellement la fin de la Seconde Guerre mondiale.
    Pourtant, sur un plan historique, il y a comme une erreur !

    Pas le 8 mai, mais le 7 !

    Avant tout, rappel des évènements.

    En mai 1945, l’Allemagne sait bien qu’elle a perdu la guerre.
    Depuis février, le pays est envahi par l’Est et par l’Ouest.
    Et le 30 avril, Adolf Hitler s’est suicidé dans un bunker.

    L’amiral Karl Dönitz a pris la place vacante de Führer, mais uniquement pour négocier la reddition.
    Il choisit de le faire avec les Américains, qu’il pense plus arrangeants que les Russes.
    Erreur ! Eisenhower ne sera pas du tout commode. La découverte des charniers et camps de concentration ont rendu le général américain intransigeant.

    Dirigeants français, américains et britanniques se retrouvent face aux Allemands le 6 mai, dans une salle de classe, d’un collège de Reims. 
    Les nazis découvrent alors le court document qui ne laissent pas de place au dialogue.
    Cessez-le-feu et fin des combats avant 48h.

    Le Troisième Reich signe sa capitulation le 7 mai à 2h41 du matin. 

    8 mai

    Alors, pourquoi retenir le 8 ?

    À cause de Staline.

    Quand le chef soviétique apprend que la signature a eu lieu sans lui, il est furieux.
    Il crie au complot …
    D’autant plus que la capitulation ne s’est même pas faite en territoire conquis.

    Staline exige une nouvelle cérémonie à Berlin, la capitale qui justement est occupée par son Armée rouge …
    Les Alliés accepte sa demande et une nouvelle capitulation est signée le 8 mai à 23h01 heure locale. 

    8 mai

    Cette date marque alors la fin des hostilités avec l’Allemagne.

     8 mai 1945 : Pas vraiment la fin …

    Cependant, la guerre mondiale continue dans le Pacifique.
    Malgré des mois de combats et de lourdes défaites, le Japon ne se rend pas.

    Après les îles près d’Iwo Jima (février-mars 1945), l’Empire perd l’archipel d’Okinawa le 21 juin.
    Deux longues batailles sanglantes qui ne le découragent pourtant pas.

    La célèbre photo des Marines qui illustre la bataille d’Iwo Jima.

    Après les îles près d’Iwo Jima (février-mars 1945), l’Empire perd l’archipel d’Okinawa le 21 juin.
    Deux longues batailles sanglantes qui ne le découragent pourtant pas.

    Le Japon veut éviter à tout prix la capitulation sans condition.
    Pour cela, ses dirigeants tentent même de négocier avec l’URSS, engagé, depuis 1941, par un pacte de non-agression.

    Mais Staline est déjà réuni avec Churchill et le président américain Truman.
    Lors de la Conférence de Potsdam (entre le 17 juillet et le 2 août), les trois Grands décident du sort réservé aux nations ennemies.

    Le 29 juillet, le Japon refuse l’ultimatum qui lui est adressé.

    Conséquences :

    • 6 août : le bombardier Enola Gay largue Little Boy sur Hiroshima.
    • 8 août : l’URSS déclare la guerre au Japon et envahit la Mandchourie.
    • 9 août :  le bombardier Bockscar largue Fat Man sur Nagasaki.

    Le Japon signe la capitulation sans condition le 2 septembre 1945, date officielle de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
    Soit près de 4 mois après le 8 mai …

    Une première célébration qui tourne mal

    Le 8 mai 1945, la capitulation allemande est annoncée.Aussitôt, un défilé s’organise en Algérie, alors territoire français.

    Lorsqu’un policier abat un jeune nationaliste, parce qu’il porte un drapeau algérien, les manifestations de joie tournent au massacre.

    Des émeutes ont lieu à Sétif, Guelma et Kherrata où l’armée intervient rapidement.
    Les morts se comptent par milliers.
    Cet évènement marque sans doute le premier acte de la Guerre d’Algérie, mais reste officiellement tabou en France jusqu’en 2005 !

    Un jour férié : le parcours du combattant !

    Le 8 mai est choisi comme date commémorative dès 1946 …
    Mais uniquement si ça tombe un dimanche !
    Sinon, les célèbrations seront pour le dimanche suivant !

    Du coup, le calendrier n’aidant pas, le jour perd rapidement de son importance.
    D’autant plus, que ces dispositions sont les mêmes pour célèbrer la fête de Jeanne d’Arc !

    Pour faciliter les cérémonies, les associations d’anciens combattants demandent alors que le 8 mai soit férié ET chômé.
    En vain …

    En 1959, de Gaulle entérine le devoir de mémoire au deuxième dimanche du mois de mai.
    Non seulement le président veut faciliter les rapports avec l’Allemagne.
    Mais en plus, il préfère d’autres dates dont il est le héros : l’Appel du 18 juin et la libération de Paris le 25 août.

    En 1968, on revient au 8 mai …
    Mais en fin de journée et après le travail ! 

    En 1975, c’est le tollé général quand Giscard d’Estaing supprime carrément la commémoration !

    Et finalement, c’est en 1981 que François Mitterrand établit le 8 mai comme jour officiel, férié et chômé. 

    Férié ? Pas pour tous les Alliés !

    Férié … en France, République tchèque et Slovaquie.
    Et c’est tout !

    Après la colère de Staline, expliquée ci-dessus, les soviétiques choisirent de célébrer plutôt la capitulation berlinoise.
    Le 8 mai à 23h21 ? Non, le 9 mai à 01h01, heure de Moscou oblige !

    Les Américains rendent hommage à leurs soldats morts au combat, toutes guerres confondues, lors du Memorial Day, célébré le dernier lundi de mai. 

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