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Loie Fuller et Isadora Duncan, pionnières de la danse moderne

    Technique vs. Légèreté

    danse moderne

    Ou comment deux danseuses, que tout opposait, ont contribué à libérer la condition féminine.

    Loïe Fuller, l’acharnée

    Mary Louise Fuller naît dans l’Illinois en 1862, loin du faste et des paillettes, plutôt la version fermière de l’Amérique profonde.

    Elle commence une carrière artistique en tant que comédienne et c’est tardivement, en 1891, qu’elle découvre son potentiel de danseuse.
    Un rôle lui fait comprendre sa voie : celui d’une femme sous hypnose, dans la pièce Quack Medical Doctor.
    Dans sa longue chemise blanche, ses amples mouvements improvisés évoquent les battements d’aile d’un papillon.
    Mary-Louise se métamorphose alors en Loïe pour la scène.

    En 1892, au Park Theatre de Brooklyn, naît son chef-d’oeuvre, la Danse Serpentine.
    La chorégraphie novatrice rencontre un succès immédiat, que de nombreuses imitatrices s’approprient.

    Lorsque Loïe prend son envol vers Paris, prometteur berceau avant-gardiste, la révolution artistique qu’elle a initiée lui a emboîté le pas.
    Malgré tout, le directeur artistique des Folies Bergères, Edouard Marchand, la remarque et l’engage.

    La performance scénique de Loïe Fuller est exceptionnelle, mais repose sur des heures de travail acharné.
    Rien n’est laissé au hasard : elle invente un système de baguettes pour prolonger et faire tournoyer les voiles de ses bras.

    Elle est la première à utiliser le tout neuf éclairage électrique et des miroirs à l’emplacement étudié pour mettre en scène des jeux de lumière dans des vagues de tissu léger.

    Le poète Stéphane Mallarmé, le sculpteur Auguste Rodin, le peintre Toulouse-Lautrec …
    Beaucoup d’artistes la portent aux nues.
    Mais également des penseurs, comme l’astronome Camille Flammarion ou les scientifiques Pierre et Marie Curie, qui lui inspirent La Danse du radium.

    Loïe Fuller est avide de connaissances, de découvertes, d’innovation.

    Son unique réticence : se faire filmer, alors qu’elle est l’amie d’Edison, pour ne pas se faire “enfermer dans une boîte”.
    Loïe Fuller se libère. Tout d’abord des carcans (et du corset) du ballet classique.
    Mais aussi du code moral de la Belle Époque, vivant librement avec une ancienne admiratrice, Gabrielle Bloch, sa compagne et associée jusqu’à sa mort.

    Isadora Duncan, la gracieuse

    Isadora Duncan est également américaine mais la danse est toute sa vie.

    Peu après sa naissance en 1877, son père banquier tombe en disgrâce.
    Après le divorce parental, Isadora suit sa mère, qui vit de ses cours de piano.
    La précarité est telle qu’Isadora doit donner des cours de danse aux enfants du quartier pour contribuer à l’économie familiale.

    Peu adaptée au système scolaire et déçue par son expérience dans une compagnie New-yorkaise, Isadora part en 1899 en Europe.

    En France, Isadora Duncan rencontre Loïe Fuller, à la tête d’une école de danse, qui contribue à la faire connaître.

    Naturellement gracile et spontanée, Isadora s’inspire des antiques figures grecques et du mouvement des vagues.
    Elle n’envisage la danse qu’en plaisir spirituel, mais agréable et décomplexé, n’hésitant pas à montrer sa nudité lors de ses performances.

    Le succès au parfum de scandale ne se fait pas attendre.
    Isadora Duncan inspire également toute une génération d’artistes influents.
    Elle ouvre trois écoles de danse en Europe, transmettant sa vision de son art à des jeunes filles rebaptisée Isadorables.

    « La Vierge folle » inspiré d’un mouvement d’Isadora Duncan, de Rik Wouters. 1912,
    Musée en Plein Air du Sart-Tilman, Université de Liège

    Malgré sa notoriété, Isadora Duncan vit des drames.
    Elle perd accidentellement ses deux très jeunes enfants.

    Sa propre mort est également tragique en 1927.
    Son étole de soie s’enroule dans une jante de sa voiture, provoquant l’étouffement.

    L’accident inspire à Gertrude Stein la célèbre citation suivante :
    “L’affectation peut être dangereuse”.

    Quelques mois plus tard, Loïe Fuller disparaît à son tour, emportée par une pneumonie.

    La danse moderne, une révolution féministe

    On appelle « danse moderne » le courant artistique apparu fin XIXème.
    Il succède au ballet classique, école de la rigueur et de l’excellence.

    Après des siècles de contraintes imposées, tant physiques que choréographiques, la danse moderne donne libre cours aux émotions.

    Pas de chaussons ou tutus réglementaires.
    Les danseurs modernes peuvent être pieds nus et utiliser leurs vêtements pour sublimer les mouvements.

    Pas de recherche d’absolu et d’aérien
    .
    La danse moderne est davantage « dans le sol », faisant plier les jambes et le corps.

    Ce nouveau courant révolutionne des siècles de danse plus rigide.
    Ses bases sont posées par Loïe Fuller et Isadora Duncan.
    Mais d’autres noms le font également connaître : Ruth Saint Denis, Martha Graham et Doris Humphrey.
    À la danse moderne succède la danse contemporaine, aux alentours de la Seconde Guerre Mondiale.

    2 commentaires sur “Loie Fuller et Isadora Duncan, pionnières de la danse moderne”

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