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« Diptyque Marilyn » ou comment Andy Warhol voyait le monde

    Mort, Gloire et Beauté

    The Guardian l’a classée troisième oeuvre d’art moderne la plus influente.
    Le Diptyque Marilyn vous montre une Marilyn Monroe comme vous ne l’aviez jamais vue.
    En fluo, en flou, en surimpression …

    Mais que représente cette sérigraphie réalisée par le « Pape du Pop Art » Andy Warhol (1928-1987) ?

    Que voit-on ?

    Le dyptique est un acrylique sur toile d’environ 3 x 1,50 mètres.

    La sérigraphie est composée de 50 images de Marilyn Monroe en dix lignes sur cinq colonnes.

    Toutes se basent sur la même photographie prise en 1953 par Gene Kornman pour la promotion du film Niagara (réalisé par Henry Hathaway).

    Les 25 premières images sur la gauche sont très colorées, tandis que les 25 autres sont en noir et blanc, floues jusqu’à l’effacement quasi total de son visage.

    diptyque Marilyn

    L’art de la consommation

    En 1962, Andy Warhol, ancien dessinateur publicitaire primé, débute dans l’art.
    Il vient d’exposer ses premières sérigraphies : ses célèbres 200 Dollars et conserves de soupes Campbell’s Soup Cans.

    Des œuvres qui témoignent de sa fascination pour la soudaine hausse de la consommation, cette pulsion de vie qui suit la Seconde Guerre mondiale.

    Puis le 5 août, survient une tragédie qui choque le monde entier : la disparition prématurée de la star Marilyn Monroe.

    Cet événement résonne en Andy Warhol.
    La mort de la plus grande star d’Hollywood lui fait assimiler les icônes populaires à des produits, que s’arrache un public de plus en plus vorace.
    Tout comme les denrées alimentaires qui se reproduisent à l’infini, les célébrités devraient pouvoir se multiplier pour satisfaire une demande croissante.

    Consommée puis consumée

    Le Dyptique Marilyn cache une autre obsession warholienne : une société consumériste entraîne l’extinction.

    Les premières 25 images montrent une Marilyn aux tons criards.
    Sa peau est rose bonbon, ses cheveux jaune vif, le maquillage bleu et rouge, sur fond orange.
    Une image flashy à la limite de la vulgarité qui détonne avec le charme sensuel de la photographie d’origine.
    La première partie du dyptique montre ainsi comment la célébrité à outrance dénature une personnalité.

    À l’opposé, la seconde partie du dyptique mélangent le noir, le blanc et le gris, les couleurs des journaux.
    Des tons qui envahissent, masquent puis gomment les traits d’une Marilyn devenue terne.
    Une manière de montrer comment l’actrice cessera bientôt de faire vendre du papier, après avoir fait les choux gras de la presse.

    Diptyque Marilyn, la contradiction de Warhol

    Alors que l’oeuvre semble dénoncer un système qui détruit les âmes, Andy Warhol n’hésite pas à exploiter lui-même le filon.
    Avant la fin de l’année 1962, il produit une dizaine de compositions issues du Diptyque Marilyn, vendues 250 dollars chacune. Une belle somme pour l’époque, largement dépassée de nos jours. En 2014, la déclinaison « blanche » a été adjugée à 37 millions de dollars par Christie’s.

    Dès 1964, Andy Warhol fait de la sérigraphie sa marque de fabrique, celle qu’il développe dans son célèbre atelier conçue comme une usine artistique : The Factory.
    Après Marilyn, ce sont, entre autres, Mao Zedong, Grace Kelly et Elizabeth Taylor que le monde découvre en fluo.

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