Bien mieux que Rosa, Rosam, Rosae !

Vous utilisez ces expressions même si vous n’avez jamais fait latin au collège !
(Pour découvrir les origines des expressions latines
avec les personnages d’Uderzo et Goscinny,
cliquez sur l’image.)
Tu quoque fili

Lit. : Toi aussi, mon petit.
(Fili est plus affectueux que « mon fils », qui est la traduction habituelle.)
Une phrase soit disant prononcée, dans un dernier soupir, par Jules César à Brutus, son fils de coeur (et non pas adoptif).
C’est l’abbé Lhomond qui évoque cet épisode ainsi dans sa biographie de César publiée en 1779. Il se serait inspiré de l’historien romain Suétone.
Rappel historique :
Le 15 mars de l’an 44 av. J.-C., Jules César est victime d’un attentat, perpétré par les sénateurs romains, qui se surnommaient les Liberatores.
Le dictateur à vie est assassiné par 23 coups de poignard, dont le dernier aurait été porté par Brutus, le fils de sa maîtresse Servilia.
Ave Caesar, morituri te salutant

Lit. : Salut César, ceux qui vont mourir te saluent.
D’après la légende, cette phrase était prononcée par les gladiateurs avant de combattre devant l’Empereur.
Cependant, rien n’est moins sûr !
Cette expression latine n’apparaît que lors d’un même épisode, raconté par trois historiens romains du Ier et IIème siècle.
Ainsi cette phrase n’aurait été dite qu’une seule fois : par des condamnés à mort à l’Empereur Claudius.
N’en déplaise à Russell Crowe !
Petite info : Ave est le salut propre aux militaires (contrairement à salve).
Carpe Diem

… quam minimum credula postero.
Lit. : Cueille le jour, et la moins crédule pour le suivant
Comprenez : Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain.
Cette locution est extraite d’un poème d’Horace (Odes, I, 11, 8).
Carpe Diem est sans doute l’une des expressions latines les moins bien comprises. Ce n’est pas une apologie de l’hédonisme (les plaisirs par dessus tout), mais de l’épicurisme (les plaisirs raisonnés).
Autrement dit, « profite mais sans te nuire ou sans réfléchir » !
Petite info : Chez Ronsard, Carpe Diem devient « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » (Sonnets pour Hélène).
Ecce homo

Lit. : Voici l’homme.
Cette citation est attribuée à Ponce Pilate, d’après l’Évangile selon Saint Jean (XIX,5).
Pendant sa Passion, Jésus est amené devant le gouverneur romain, qui tente de le faire gracier en le présentant à la foule.
Il prononce alors cette phrase.
Et lorsque les présents réclament la mort de Jésus, Pilate ne se mouille pas davantage … Enfin, tout juste en s’en lavant les mains.
(Découvrez d’autres Expressions Bibliques que vous utilisez couramment)
Alea jacta est

Lit. : Les dés sont jetés.
D’après l’auteur Suétone, Jules César aurait prononcé cette phrase le 10 janvier 49 av. J.-C.
Après avoir conquis la Gaule, il veut marcher sur Rome et renverser le général Pompée.
Pour se faire, il doit faire traverser le Rubicon à ses troupes.
Pourtant, le Sénat a déclaré sacrilège quiconque armé passe cette rivière du Nord de l’Italie.
Une fois face au Rubicon, Jules César hésite un temps, prononce cette phrase et … se jette à l’eau !
Errare humanum est

… persevare diabolicum.
Lit. : L’erreur est humaine, persévérer est diabolique.
On dit que la phrase est de Sénèque, mais rien n’est sûr.
Confucius disait déjà quelque chose de similaire cinq siècles auparavant :
« L’homme sage apprend de ses erreurs, l’homme plus sage encore apprend des erreurs des autres. »
Fluctuat nec mergitur

Lit. : Il tangue, mais ne sombre pas.
Cette phrase est la devise officielle de Paris, depuis 1853.
Étrange pour une capitale qui n’est pas vraiment en bord de mer, non ?
En fait, le blason rappelle la confrérie des nautes (armateurs mariniers) de Lutèce.
Une façon de commémorer les révolutions et luttes que Paris a connues.
L’expression doit également beaucoup à la chanson « Les Copains d’abord » de Georges Brassens.
Homo homini lupus est

Lit. : L’homme est un loup pour l’homme.
Comprenez : « l’homme est son propre ennemi ».
Cette métaphore est de l’auteur romain Plaute.
Elle apparaît dans sa comédie Asinaria.
Si la phrase nous est parvenue depuis l’Antiquité, c’est parce qu’elle a été reprise par divers philosophes du XVIe siècle (Érasme, Rabelais, Francis Bacon, Hobbes).
Puis Spinoza, Schopenhauer, Bergson et Freud …
C’est donc une phrase à connaître !
In vino veritas

Lit. : La vérité dans le vin
La maxime latine est attribuée à Alcée, poète né à Lesbos.
Elle est donc grecque à l’origine, avant d’être reprise par l’historien romain Tacite.
Cogito, ergo sum

Lit. : Je pense, donc je suis.
Cette citation est LA phrase à connaître en latin !
Elle est tirée du Discours de la méthode (1637) de René Descartes, qui l’écrit d’abord en français.
Ce n’est qu’en 1644 qu’il l’écrit en latin, telle qu’on la cite aujourd’hui, dans Principes de la philosophie.
Ce que la plupart des gens oublie est que Descartes arrive à cette phrase pour prouver l’existence de Dieu.
Deus ex machina

Lit. : Dieu sorti de la machine
Cette expression était employée dans le théâtre antique grec, lorsqu’il fallait faire entrer un « dieu » sur scène.
L’acteur qui l’interprétait devait y descendre grâce à une grue ou y monter par une trappe.
Il s’agissait d’un ressort tragique/comique courant, qui mettait fin à une représentation sans trop se prendre la tête !
Voilà pourquoi cette expression est employée de nos jours pour évoquer une situation débloquée in extremis ou comme par magie.
Habeas corpus

… ad subjiciendum.
Lit. : Aie le corps pour le présenter.
Comprenez : On présente le prisonnier quand on l’accuse.
Et non pas « sois maître de ton corps ».
Plus qu’une expression, il s’agit d’une notion juridique qui assure à tout individu une liberté fondamentale.
Celle de ne pas être emprisonné sans jugement, de savoir pourquoi on l’arrête et de quoi on l’accuse.
Ce principe naît dans la Rome antique et se développe dans l’Angleterre du Moyen Âge, avant d’y être légalement établi en 1679 (Habeas corpus Act).
Nosce te ipsum

Lit. : Connais-toi toi-même.
Cette expression latine est une traduction d’une phrase en grec ancien (Gnothi seauton).
D’après Platon, elle se trouvait gravée à l’entrée du temple de Delphes.
Un rappel que l’homme doit connaître ses qualités mais surtout ses limites, afin de ne pas rivaliser avec les dieux.
Panem et circenses

Lit. : Du pain et des jeux du cirque.
Cette expression est une dénonciation tirée de la Satire X du poète latin Juvénal.
Pour gagner l’approbation du peuple, les empereurs romains distribuaient du pain pendant les jeux du cirque.
Juvénal critique la sournoiserie du pouvoir, mais également la facilité avec laquelle le peuple oubliait les enjeux importants.
Pour cette même raison, Panem est le nom donné au pays de Katniss Everdeen, l’héroïne de Hunger Games.
Nunc est bibendum

… nunc pede libero pulsanda tellus
Lit. : Maintenant il faut boire, maintenant il faut frapper la terre d’un pas léger.
Comprenez : It’s party time !
Encore une fois, une citation grecque (d’Alcée de Mytilène) qui passe au latin (chez Horace).
Ces romains ont vraiment tout copié !
Alors que le poète grec utilisait la phrase pour inciter à célébrer la mort du tyran Myrsilos, Horace se réjouissait du décès de Cléopâtre.
S’il faut connaître cette expression aujourd’hui, c’est surtout à cause du gros bonhomme Michelin qui en porte le nom.
La raison : le slogan ci-dessus.
Mens sana in corpore sano

Lit. : Un esprit sain dans un corps sain.
Une nouvelle citation issue de dixième des seizes satires de Juvénal.
Pour le poète romain, c’est ce qu’il faut demander aux dieux.
Et rien d’autre !
Veni, vidi, vici

Lit. : Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu !
Célèbre phrase de Jules César qui résume sa victoire, brève et inespérée, en Asie mineure (bataille de Zéla en 47 av. J.-C.).
Sans doute l’expression latine la plus connue.
Memento Mori

Lit. : Souviens-toi que tu vas mourir.
Les généraux latins de l’Antiquité se voyaient rappeler cette maxime, par un esclave, en plein triomphe dans les rues de Rome.
Une façon de ne pas oublier que tout peut s’arrêter très vite !
L’expression nous ait parvenu grâce au christianisme médiéval qui aimait rappeler ce principe d’humilité.
Vade retro Satana

Lit. : Va-t’en, Satan !
Comprenez : Tu sors !
Même si cette expression est devenue une sorte d’incantation pour exorcistes, il s’agit en fait d’une citation biblique.
D’après l’évangile selon Saint Marc (8:33), lorsque le Christ évoque sa future mort sacrificielle, l’apôtre Pierre fait preuve de sentimentalisme.
Jésus lui répond alors cette phrase, lui montrant que ses bonnes intentions ne sont pas le dessein de Dieu.
César est assassiné le 15 mars, pas le 15 avril.
Oups ! Erreur stupide … je lui ai donné un mois de vie supplémentaire !! Je rectifie aussitôt. Merci pour votre commentaire 😉
Ben oui, les ides de Mars, c’est bien connu …