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Joaquin Phoenix, le décalé

    L’écorché d’Hollywood

    Joaquin Phoenix est l’ovni du cinéma américain, à la fois félicité et détesté du système.
    Un acteur qui prête ses tripes pour un rôle mais n’aime pas en parler aux médias.
    Retour sur son parcours singulier.

    Joaquin Phoenix

    Le complexé

    Une enfance hors du commun

    Né en 1974, Joaquin Phoenix grandit dans une famille hippie, membres de la secte, Les Enfants de Dieu.
    Les parents vagabondent longtemps avec leur communauté, dans différents pays d’Amérique Latine.

    Mais ils finissent par rentrer aux États-Unis, désenchantés par un mouvement qui prône la prostitution et la pédophilie.
    La famille change alors son nom Bottom en Phoenix, pour marquer le nouveau départ.

    Joaquin a un frère, River, et trois soeurs, Rain, Summer et Liberty.
    Des prénoms pas banaux !
    C’est l’un des premiers complexes du classique Joaquin, seul rescapé de cette originalité.
    Il tente de compenser cette normalité et se fait longtemps appelé Leaf (« feuille ») !

    Rain, River et Joaquin Phoenix

    Vilain petit canard

    De retour à Los Angeles, les enfants Phoenix courent les castings pour aider financièrement leurs parents.
    Rapidement repérés, River et Joaquin commencent à jouer pour la télévision.
    Ils ont respectivement 10 et 8 ans.

    Mais si le taciturne Joaquin reste cantonné aux séries d’après-midi (comme Arabesque), le solaire River décroche un grand rôle dans Stand by me (Rob Reiner, 1986).

    Avec sa gueule d’ange et son talent indiscutable, River Phoenix devient le James Dean de son époque et enchaîne les succès critiques.
    Joaquin, sa cicatrice de bec-de-lièvre et ses grands yeux bleus inquiétants restent dans l’ombre de ce grand frère star.

    Le perplexe

    Joaquin Phoenix n’en a pas grand chose à faire d’Hollywood.
    Il regarde sa carrière d’un oeil désabusé, sans doute à cause du décès tragique de River.

    Le 30 octobre 1993, son grand frère est mort d’une overdose dans ses bras.
    Ils sont à Los Angeles, avec quelques célébrités, devant le Viper Room, la boîte de nuit de Johnny Depp.
    Aussitôt, les médias se régalent, diffusant en boucle l’appel au 911 de Joaquin en pleurs.
    Un double traumatisme pour le jeune acteur de 19 ans qui renonce à sa vie publique.

    Le réalisateur Gus Van Sant le sort de l’isolement médiatique en lui offrant son premier grand rôle dans Prête-à-tout (1995).
    Ridley Scott le fait connaître du grand public avec Gladiator (2000).
    Et la critique l’encense avec son interprétation du chanteur Johnny Cash dans Walk the Line (James Mangold, 2005).

    Joaquin Phoenix enchaîne les tournages avec les plus grands.
    Oliver Stone, M. Night Shyamalan, Paul Thomas Anderson, Woody Allen, Lynne Ramsay, Spike Jones, Jacques Audiard …

    Mais il garde sa nonchalance face à un métier superficiel.
    Comme en 2017 à Cannes, quand il reçoit le Prix d’Interprétation masculine, en costard et Converse !

    Joaquin Phoenix

    Le borderline

    Peinard dans la vie, mais intense au travail !

    Tout pour le rôle …

    Joaquin Phoenix suit la Méthode de l’Actors Studio.
    Il mouille la chemise pour interpréter les brutes fatiguées, les taiseux traumatisés ou les psychopathes maquillés.

    Connu dans le métier pour son manque de limite, il s’implique au point de continuer les scènes après le « Coupez » du réalisateur.

    Ainsi, dans Walk the Line, Phoenix doit casser sa guitare pour les besoins d’une scène.
    Chose faite … Ainsi que le lavabo, provoquant une inondation dans l’hôtel.
    Inutile de dire qu’il n’y eut qu’un seul plan, mais qu’il fut mémorable !

    Pour incarner le Joker (Todd Phillips, 2019), Joaquin Phoenix perd 23 kilos et se plonge intensément dans la folie du Clown Prince du Crime.

    « Durant le tournage, l’idée, pour moi, de séparer l’identité du personnage de la mienne est inconcevable.
    Sur le tournage, tout ce que je faisais était en relation avec « Joker », quelle que soit l’heure.
    Je n’avais aucune vie sociale, je ne dînais avec personne, je rentrais chez moi chaque soir dans la peau du Joker que je conservais jusqu’au matin, et ainsi de suite. »
    Interview pour Le Parisien 

    … Et au-delà !

    Joaquin Phoenix a fait mieux (ou pire) que jouer un rôle.

    En 2008, l’acteur fait croire au public et à tout le métier qu’il se lance dans le hip-hop.
    Le canular a failli lui coûter sa carrière, tant il ressemble à une perte totale de contrôle.
    Visage bouffie, barbe mal entretenue, interviews embarrassantes …
    Une performance secrète qui dure deux ans, sous la caméra complice de son ex-beau-frère, Casey Affleck.

    Le faux documentaire, I’m still here, sort en 2010.
    Une critique de la célébrité et ses dérives que le métier a moyennement apprécié.

    Le discret

    Au pays de l’apparence qu’est Hollywood, l’acteur taiseux n’aime ni faire la promotion de ses propres films, ni parler de sa vie privée.

    Depuis fin 2016, Joaquin Phoenix sort avec l’actrice Rooney Mara, principalement connue pour The Girl with the Dragon Tattoo (David Fincher, 2011)
    Rencontrés sur le tournage de Her (Spike Jonze, 2013), leur idylle débute sur le plateau de Marie-Madeleine (Garth Davis, 2018).
    Le couple évite de s’exposer, fuit les réseaux sociaux, mais ne se cache pas.

    Joaquin ose désormais quelques déclarations publiques.
    Comme en septembre 2019, quand il reçoit un prix lors du Festival de Toronto et qu’il remercie sa compagne de façon énigmatique :

    « Quelque part dans la salle, je ne sais où, il y a un dégoûtant petit dragon,
    et je voudrais lui arracher les ailes, l’enrouler dans un plaid et dormir avec lui pour toujours. Je t’aime. Merci à toi. »

    Joaquin Phoenix, l’apaisé ?





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