Quand Hellboy rencontre Amélie Poulain !

En 2017, est sorti La forme de l’eau, un film fantastique romantique réalisé par Guillermo del Toro, avec Sally Hawkins, Doug Jones, Richard Jenkins …
Bien que récompensé par 4 Oscars (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleurs décors, Meilleure musique pour Alexandre Desplat), le film a fait parlé de lui pour une tout autre raison moins glorieuse.
Histoire originale ou plagiat ? La question se pose …
Car si Guillermo Del Toro retourne bien à ses premiers amours fantastiques, il semble que le travail du réalisateur français Jean-Pierre Jeunet ait aussi laissé son empreinte dans son dernier film.
Analyse de sa love story aquatique et anecdotes de tournage.
Avant tout, de quoi ça parle ?
Aux États-Unis, pendant la Guerre Froide.
Elisa Esposito est une jeune adulte muette, qui a été trouvée enfant dans une rivière.
Elle travaille comme femme de ménage dans un complexe gouvernemental.
Un jour, on y amène une créature découverte en Amérique du Sud, mi homme-mi amphibien, qui effraie tout le monde, sauf elle …
La forme de l’eau : du pur Guillermo Del Toro …
Le projet commence avec une conversation avec l’écrivain Daniel Kraus, avec qui le réalisateur écrit le roman jeunesse Trollhunters.
L’auteur lui raconte son projet en attente : l’histoire d’une concierge dans un bâtiment secret qui devient l’amie d’un amphibien prisonnier.
Ça vous dit quelque chose ?!
Del Toro achète rapidement les droits et se lance dans l’écriture du scénario.
Pourquoi ce sujet lui plaît-il particulièrement ?
Tout simplement pour en raison de sa fascination avouée pour « les insectes, les monstres, les endroits mal éclairés« .
En effet, les films de Guillermo del Toro grouillent de créatures fantastiques à l’apparence effrayante (citons un démon dans HellBoy, des vampires dans Blade 2 et des spectres dans Crimson Peak).

… Avec un brin de plagiat ?
En tout cas, le réalisateur Jean-Pierre Jeunet pense que oui !
Et il faut bien l’admettre, il y a beaucoup de Delicatessen (1991) et du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001) dans La Forme de l’eau.
– L’usage de la voix off : ceci est un conte et j’en suis le narrateur.
– L’héroïne qui vit seule dans un décor hors du temps, avec ses petites manies (la crème brûlée pour Amélie vs l’oeuf dur pour Elisa).
– Le voisin peintre qui sert de Pygmalion et de meilleur ami face à la demoiselle silencieuse.
– Les scènes de sexe ridiculisé contre celles d’une extrême douceur.
– Le refus d’une mise en contexte historique et la rapide évocation de celui-ci par un vieux poste de télévision (la mort de Lady Di vs les informations sur la guerre froide).
– La musique d’une autre époque : « Si tu n’étais pas là » de Fréhel pour Amélie vs les comédies musicales américaines pour Elisa (ainsi qu’une reprise de « La Javanaise » de Gainsbourg chantée avec un style très entre-deux).
Quant au choix de la lumière et l’univers glauque, tout est très Delicatessen.
Jean-Pierre Jeunet a même trouvé une ressemblance « copié-collé » entre sa scène du test du matelas et celle de Del Toro montrant les deux voisins dansant depuis leur canapé.
D’autres anecdotes
Pourquoi ce titre ?
Guillermo del Toro a lui-même donné l’explication :
« L’eau prend la forme de son contenant, mais malgré son apparente inertie, il s’agit de la force la plus puissante et la plus malléable de l’univers.
N’est-ce pas également le cas de l’amour ?
Car quelle que soit la forme que prend l’objet de notre flamme – homme, femme ou créature –, l’amour s’y adapte. »
Des acteurs … courageux !
La plupart des acteurs à l’écran sont ceux initialement imaginés par le réalisateur lors de l’écriture du scénario.
Sauf le rôle du voisin Giles, joué par Richard Jenkins, mais pensé pour Ian McKellen.
Doug Jones a vécu l’enfer avec son costume d’amphibien.
Quatre personnes devaient l’aider à s’habiller !
Une fois porté, le costume était une torture.
Fait en mousse de latex de caoutchouc et silicone, il revenait systématiquement à sa forme initiale à chaque mouvement, provoquant de fortes douleurs à l’acteur. Sans parler des longues heures de maquillage qui suivaient …

Mais Doug Jones n’a pas été pris au dépourvu !
L’acteur est apparu dans plusieurs autres films de Guillermo del Toro et souvent sous un costume.
Par exemple, dans Hellboy (2004), Le Labyrinthe de Pan (2006) et Crimson Peak (2015).
Sally Hawkins a dû apprendre la langue des signes américaine, afin de pouvoir être crédible, mais aussi d’improviser !

Quant à Michael Stuhlbarg, qui interprète un docteur soviétique, il a carrément reçu une formation intensive de six semaines pour apprendre le russe.
Guillermo del Toro lui avait même préparé tout un dossier fictif, détaillant le passé de son personnage, qu’il devait connaître !
À l’eau !
Faire un film sur l’eau, ça n’a rien de facile, même pas en dessin animé !
Pendant des années, Guillermo del Toro s’est documenté sur les nageurs olympiques et le monde marin, afin de connaître chaque moindre détail.
Par exemple, la peau bioluminescente de certains poissons ou le système digestif particulier de la rascasse volante !
Le laboratoire et le cylindre qui devait accueillir la créature ont été conçus 3 ans avant le tournage.
Pour le personnage aquatique, il fallut deux ans de conception avec des experts des effets visuels et trois sculpteurs, dont un spécialisé dans les miniatures de monstres.
Comment faire jouer des acteurs sous l’eau ?
Grâce à une technique old school, le dry for wet : un jeu de lumière et fumée qui simule la présence de l’eau.
Comme il y avait tout de même des projections d’eau, suivant les scènes, les décors ont été construits sans bois ni plâtre, mais en résine et aluminium.

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