Quand Bambi rencontre Hamlet en Afrique !
32ème « Classique d’animation » des Studios Disney
Sortie : 1994
Répliques cultes
« Tu m’as oublié en oubliant qui tu étais. »
« Le temps que passe un roi à gouverner ressemble à la course du soleil. Un jour viendra où le soleil éteindra sur moi sa lumière et se lèvera pour faire de toi le nouveau roi. »
« On m’appelle Monsieur Porc ! »
« – Tu oublieras vite ! C’est du passé !
– Oui mais, c’est douloureux.
– Eh oui, le passé c’est douloureux, mais à mon sens, on peut soit le fuir soit… tout en apprendre ! »
À l’origine du scénario : Bambi + Hamlet !
Bambi in Africa, ce vieux projet …
En 1984, Disney va mal.
Alors que l’ambition est de plaire au plus grand nombre, même les adultes, ses productions n’intéressent même plus les enfants !
Le studio change alors d’équipe directive : pari gagnant !
8 ans plus tard, La Belle et la Bête est nommé à l’Oscar 1992 du Meilleur Film …
Pas d’animation, le meilleur « vrai » film !
Preuve irréfutable que la nouvelle stratégie fonctionne.
Les dessins animés Disney deviennent alors des petits bijoux conçus comme des évènements annuels.
Les producteurs ressortent tous les vieux projets des cartons.
Deux en particulier : Pocahontas, celui sur lequel tout le monde mise, et The Jungle King, en attente depuis 1988, qui fera office d’expérience.
Les meilleures plumes et animateurs bossent sur le premier.
On laisse les seconds couteaux et les nouveaux venus peaufiner le vieux projet, surnommé en interne « Bambi in Africa ».
La mort d’un parent du héros, pas de princesse, pas de conte connu de tous et même pas d’humain … Ça en refroidit certains !
Shakespeare sauve les meubles !
C’est lors d’un repérage en Afrique que les deux premiers co-réalisateurs, Georges Scribner et Roger Allers, définissent le style du futur film.
Un mix entre réalisme de documentaire, folie cartoonesque et grandeur numérique.
20 minutes du film sont montées …
Quand soudain, c’est le drame !
Georges Scribner ne veut pas d’Elton John à la composition musicale. Il se plaint aux grands chefs … qui le virent !
Roger Allers se voit obligé de collaborer avec Rob Minkoff, un ancien de Roger Rabbit.
Évidemment, nouvelle équipe = nouvelles idées, et les 20 minutes finissent à la poubelle.
Rob Minkoff trouve que le film a un potentiel dramatique aux relents politiques : la place du roi, les combines pour y accéder …
Sans parler de la trame autour de l’assassinat du père, l’usurpation et la vengeance qui l’accompagnent …
Tout ça est très shakespearien, non ?
Ni une ni deux : le nom de code Disney change.
« Bambi in Africa » devient « Bamblet » (Bambi + Hamlet)
De quoi ça parle ? (Spoiler)
Il était une fois, dans la savane africaine …
La Terre des Lions célèbre la naissance du royal baby, Simba, héritier du roi lion Mufasa.
Même les antilopes sont jouasses (y’a comme un hic) …
Seul Scar, le frère cadet de Mufasa, pleure ses chances d’accéder au trône.
Il reprend du poil de la bête, quand ses amies, les hyènes, l’aident à tuer son frère.
Pour se débarrasser du jeune Simba, il le persuade que la mort de Mufasa est sa faute.
Le lionceau fuit alors dans le désert …
Pendant que Scar prend le pouvoir, Simba marche et marche sous un soleil de plomb …
Sa fin est proche quand Timon le suricate et Pumbaa le phacochère le sauvent.
Les trois larrons partent vivre ensemble, suivant le principe Hakuna Matata, sorte de Carpe Diem local.
Le temps passe …
Devenu adulte, Simba se retrouve museau-à-museau avec Nala, son amie d’enfance.
La lionne est venue chasser loin de la Terre des Lions, complétement ravagée par les hyènes et le tyran Scar.
Forcément, il y a du roulage dans l’herbe, des regards fauves et des calins sous les étoiles !
Mais leur amour tombe comme un soufflet quand Nala demande à Simba de reprendre sa place de roi légitime.
Se sentant toujours responsable de la mort de Mufasa, Simba refuse …
C’est le sage Rafiki, qui lui fait changer d’avis, à coups de bâton et de vision dans le ciel …
Aidé de Timon et Pumbaa, Simba revient pour affronter Scar.
Et effectivement, il y a bien « quelque chose de pourri au royaume » des lions …
Le combat a lieu entre les hyènes de Scar et les lionnes menées par Simba.
Finalement, Scar avoue que Simba n’est responsable de rien.
Et bien sûr, le roi légitime reprend sa place sur son rocher.
Le film se termine avec la présentation de nouveau royal baby, la fille de Simba et Nala.
La boucle est bouclée.
Secrets de fabrication
- Le titre du film devait être The Jungle King.
Jusqu’enfin, les animateurs réalisent que la trame se déroulait dans la savane (et pas chez Tarzan !).
Logiquement, Le Roi Lion fut choisi. - La production fit venir un vrai lion dans les studios pour que les dessins soient réalistes !
- La séquence du fantôme céleste de Mufasa parlant à Simba a marqué un tournant dans le projet.
Alors qu’ils voyaient Le Roi Lion comme un dessin animé « laboratoire » à faible potentiel, la séquence ouvre les yeux des studios …
Et le robinet à fric ! - La scène hawaïenne de Timon et Pumbaa devant les hyènes a failli être un remake des danses de Travolta sur « Stayin’ Alive » !
« Ingonyama nengw’ enamabala » …
Le succès de La Belle et la Bête fait comprendre aux Studios Disney l’importance des chansons.
On cherche donc le compositeur qui mettra Le Roi Lion au diapason !
Ça sera Elton John …
Mais avant lui, un autre faiseur de tubes a été contacté : Benny Andersson, un des piliers d’Abba !
Non content d’être le second choix, Elton John a surtout dû se battre pour les imposer, ses choix !
Comme expliqué ci-dessus, sa participation au projet n’a pas fait l’unanimité.
Après avoir écouté sa première version, les haut-gradés Disney ont détesté la chanson d’ouverture, « L’Histoire de la vie ».
Avant de la retirer, un nouvel arrangement est proposé. Cette fois, avec des instruments et vocalises africaines …
Ça passe ! La chanson, aujourd’hui culte, est conservée.
Autre bataille pour la chanson « Can you feel your love tonight » .
Elton John constate lors d’une projection en avant-première qu’elle est absente du montage.
Il est furieux. Son seul intérêt à travailler pour Disney est de créer une chanson d’amour qui traversera les époques.
Pour lui faire plaisir, les animateurs inventent alors la scène de flirt entre Simba et Nala.
Et la chanson arrive jusqu’à nous … Merci Sir Elton !
Le roi est mort, vive le roi !
Dès sa sortie américaine, en juin 1994, Le Roi Lion est un succès colossal.
Il dépasse toutes les espérances des Studios Disney, qui enfin tient son film d’animation pour adultes.
Ça faisait depuis Blanche-Neige que ça n’arrivait pas !
Le Roi Lion bat tous les records !
- Les salles américaines le diffuse tous les jours, sans discontinuer, pendant 5 mois (excepté pour trois jours de rentrée des classes).
- Avec sa recette supérieure à 987 millions de dollars, il a été pendant 19 ans le « plus gros succès d’animation de tous les temps ».
Jusqu’à ce que La Reine des Neiges lui vole le trône fin 2013 ! - À sa sortie en France, la VHS du film s’est vendu à 1 million d’exemplaires en 5 jours !
Forcément, après un tel triomphe, Le Roi Lion a fait des petits.
Deux suites directement sorties en vidéos, une série télé consacrée à Timon et Pumbaa, une revue hebdo sur la nature, un jeu vidéo …
Puis en 2019, le remake en animation 3D réalisé par Jon Favreau (déjà sur celui du Livre de la Jungle en 2016).