Blockbusters, chefs d’œuvres et quelques navets !

Années 70 : Spielberg montre les dents !
Dès ses débuts, Spielberg revendique son goût du succès. Il veut toucher la critique, mais aussi le public.
En somme, obtenir les Oscar et les pépettes !
Il fera donc des blockbusters … Pour le meilleur et pour le pire !
Le succès : Les dents de la mer (1975)
Spielberg entend parler du roman Jaws avant même que son auteur, Peter Benchley, ne l’ait publié.
Il se précipite sur les droits de ce roman, inspiré de Moby Dick de Melville et du Vieil homme et la mer d’Hemingway.
Spielberg sent le potentiel du film catastrophe.
Un tournage infernal plus tard, Bruce, son requin mécanique, rembourse en quelques jours les 12 millions de dollars de budget.
Ambition atteinte : Les Dents de la Mer est son premier blockbuster.
Le désastre : 1941 (1979)
Quelques années plus tard, Spielberg se lance dans le film de guerre. Il faut dire que Francis Ford Coppola a sué sang et eau pour finir Apocalypse Now, mais que ses efforts ont payé : son film sur le Vietnam obtient la Palme d’Or à Cannes.
1941 traite d’un autre conflit : une attaque japonaise sur Los Angeles, peu après Pearl Harbor.
Un film inoubliable dans le mauvais sens du terme !
Tournage catastrophique, un acteur principal ingérable (John Belushi), une mauvaise réception du public qui le juge anti-patriotique …
Et cerise sur le gâteau, le cinéaste se fait larguer le jour de la sortie !
Années 80 : Spielberg sort le fouet !
Spielberg veut réaliser un James Bond. Mais les producteurs le lui refusent deux fois …
Tant pis, il se venge en créant Indiana Jones.
Film qui se finit dans les temps, ne dépasse pas le budget et rapporte la bagatelle de 389 millions de dollars !
Le succès : Les aventuriers de l’Arche perdue (1981)
Son copain George Lucas est crevé après son premier Star Wars (film qui a enthousiasmé Spielberg, même quand personne n’y croyait).
Les deux « besties » partent donc se reposer à Hawaï.
Un soir, Lucas demande : « Steven, que sais-tu de l’Arche de l’Alliance ? ».
Et c’est ainsi que naquit le premier volet d’Indiana Jones … Grâce à la force !
Lucas invente l’histoire, Spielberg définit le personnage, d’après sa frustration « Bondienne ».
L’archéologue sera aussi charmant, amoral et intrépide que le célèbre agent secret.
On échange juste le chapeau contre le smoking, le fouet contre le pistolet. Il portera un prénom à coucher dehors (celui du chien de Lucas) …
Et le tour est joué !
Le désastre : Always (1989)
Passons rapidement sur Always, qui détonne du palmarès spielbergien.
On se rappelera de l’énergie de Holly Hunter, de l’humour de John Goodman et de la dernière apparition cinématographique de Audrey Hepburn.
Mais, à part ça …
La perle : La couleur pourpre (1985)
Les prémices d’un genre qu’il développera avec succès et définira aussi son cinéma. Pourtant, à l’annonce du projet, Spielberg est fortement critiqué.
Le roman d’Alice Walker traite de racisme et misogynie.
On ne comprend pas qu’il soit adapté par un réalisateur pop-corn.
Spielberg doute d’abord de sa légitimité, mais il change d’avis après un argument imparable. Celui du compositeur de films, Quincy Jones, qui lui dit : « Il te fallait être alien pour réaliser E.T. ? ».
Malgré 11 nominations aux Oscars, La couleur pourpre n’en obtint aucun. Il n’en reste pas moins un très bon film.
Années 90 : La chasse aux Oscars !
Une décennie de grands films engagés qui lui ouvrent les portes de l’Academy … Enfin !
Et qui rendent difficile le retour aux films à pop-corn.
La perle : La liste de Schindler (1993)
Dans les années 90, Spielberg veut faire un cinéma reconnu par ses pairs et qui compte pour le public.
La liste de Schindler, il y pense depuis longtemps.
Il a acheté en 1983 les droits du livre de Poldek Pfefferberg, un des juifs sauvés par Schindler.
Mais il attendait d’avoir la maturité autant personnelle que professionnelle.
Comme il l’imaginait, le tournage a été le plus dur de sa carrière.
Son secret pour le mener à terme ?
Un ami, Robin Williams, qui le divertit régulièrement par téléphone.
L’autre perle : Il faut sauver le Soldat Ryan (1998)
Un autre chef d’oeuvre qui traite brutalement d’un sujet grave : la Seconde Guerre Mondiale, en particulier d’Omaha Beach, l’épisode édulcoré dans Le Jour le plus long (1962).
Voir Il faut sauver le soldat Ryan
La honte (personnelle) : Jurassic Park 2 (1997)
Un film plus léger que Spielberg fait pour se détendre.
Un volet pas franchement nécessaire, non ?!
Le réalisateur avoua lui-même qu’il se désinteressa du projet et qu’il se sentait gêné de faire ce film juste après La liste de Schindler.
Années 2000 : Multi-facettes !
Dans les années 2000, Steven Spielberg touche à tout !
Il continue de filmer les thèmes difficiles (Munich en 2005), persiste et signe dans la science-fiction (Minority Report en 2002 et La guerre des Mondes en 2005), et s’essaie à la comédie dramatique (Le Terminal en 2004).
Une décennie prolifique !
La déception : Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008)
On se serait bien passé du quatrième volet d’Indiana Jones … Et Spielberg aussi !
Pas sûr que l’instable Shia LaBeouf retravaillera avec le réalisateur qu’il traita de « p***** d’entreprise ».
La surprise : Arrête-moi si tu peux (2002)
Par contre, un bravo critique et public pour l’histoire de Frank Abagnale Jr., escroc qui se fit passer pour un pilote, un médecin et un avocat avant ses 19 ans.
Arrête-moi si tu peux montre le côté facétieux d’un réalisateur confirmé que l’on prend toujours pour le gamin chéri d’Hollywood.
Années 2010 : L’histoire du monde pour cinéphiles !
La décennie historique …
Certes, il y a eu son Tintin (Le Secret de la Licorne en 2011) aux techniques novatrices (captures de mouvement 3D).
Puis Le Bon Gros Géant (2016) et Ready Player One (2018).
Mais surtout 4 films qui racontent l’histoire avec un grand H.
- Cheval de guerre (2011), sur les huit millions de chevaux sacrifiés pendant la Première Guerre Mondiale.
- Lincoln (2012), sur les derniers mois de la vie du 16ème président des États-Unis.
- Le pont des espions (2015), sur Rudolf Abel, espion soviétique pendant la Guerre Froide.
- Pentagon Papers (2017), sur le scoop du Washington Post qui révéla l’implication des États-Unis dans la guerre du Vietnam.
Années 2020 : Le bilan ?
Steven Spielberg a dépassé les 70 ans mais n’envisage pas prendre sa retraite.
Il est toutefois conscient d’être plus près de la fin que du début. Alors il se concentre sur ses envies personnelles et renonce aux projets lucratifs. Comme Indiana Jones 5, qu’il produira mais sans le mettre en scène.
Fin 2021, il réalise son rêve de gosse en présentant son remake de la comédie musicale West Side Story (1961).
En parallèle, Spielberg a tourné The Fabelmans, son film coming-of-age (comprenez initiatique, inspiré de sa vie).
On parle aussi :
– d’un biopic sur la photographe de guerre Lynsey Addario
– du film racontant l’affaire Mortara (en 1858, les autorités papales firent enlever un enfant juif pour l’éduquer dans la foi catholique)
– d’une fresque sur l’Empire aztèque
– d’une mini-série sur Napoléon
– et de plusieurs adaptations littéraires : et des adaptations de romans : Robopocalypse (de Daniel H.Wilson), Thank you for your service (enquête sur le syndrome post-guerre d’Irak), Micro et Pirates (romans de Michael Crichton, le père de Jurassic Park).
Encore du Spielberg pour un moment !
chouette article !! et tout à fait d’accord pour le monde perdu et always beurk ! sans compte indiana jones 4 pour une grande fan d’Indiana Jones comme moi forcément … décevant 😉
J’ai vu le dernier samedi soir, je ne suis pas très sf et pourtant je l’ai bien aimé ! je me suis en même temps rendue compte que je n’avais pas vu de Spielberg depuis la guerre des mondes (j’avais été déçue d’ailleurs) … j’en verrai bien un ou deux de ses films histoire du coup !
merci pour cet article !