Le funeste destin du Prince de France

par Henri de Caisne (1799 – 1852)
Par Charlotte des Mystères de l’Histoire
Levons le voile sur la mystérieuse disparition de Louis-Charles de France, dauphin et second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Lorsque sa famille est emprisonnée au Temple, cet enfant royal de sept ans devient le détenteur légitime de la couronne de France.
Il est alors reconnu de tous sous le nom de Louis XVII.
Il obtient le titre de « Prince Royal » et non celui de Dauphin, la Constitution royale ayant modifié le nom de ce titre.
Par ailleurs, le roi n’est plus roi de France, il est Roi des Français.
Néanmoins, l’Histoire retient surtout qu’il est décédé en captivité en 1795, soit à seulement 10 ans.
Certains doutes subsistent quant à sa mort…
Qu’est-il vraiment advenu du jeune Roi des Français ?
Une enfance brève

Louis XVII naît le 27 mars 1785 au château de Versailles.
C’est le second fils du couple royal, le premier étant Louis-Joseph, décédé en 1789, à seulement 4 ans.
Rapidement, la situation du royaume sombre vers une Révolution qui éclate dans la violence.
Le « détrônement » du roi est voté.
La famille royale est transportée vers la prison du Temple le 10 août 1792, date connue pour être, après le 14 juillet 1789, la journée la plus décisive de la Révolution française.
Puis, Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793.
Le prince … de la prison !
L’éducation du jeune Louis XVII est alors confiée à des Républicains qui lui enseignent comment devenir un bon citoyen.
Il doit alors oublier tous les préceptes qui lui ont été enseignés à la cour de Versailles.
Il ne voit sa mère que pendant de courtes promenades.
Lorsque la femme de son « précepteur » tombe malade, le jeune prince reste seul, dans l’obscurité pendant six mois.
Personne ne peut lui parler ou le voir.
Ses maigres repas sont passés à travers une trappe.
La gale et la tuberculose le rongent peu à peu.
Ces conditions d’incarcération entraînent une dégradation de la santé du jeune Louis XVII, qui meurt le 10 juin 1795.
L’énigme du Temple
Cet isolement participe à la légende et laisse planer le doute.
Certains pensent que cette mort ne serait qu’une mise en scène afin de faire évader le prince royal.
Des autopsies troublantes
Les dires du docteur Nicolas Dieudonné Jeanroy (1750-1816), médecin du prince avant son emprisonnement, soutiennent cette thèse.
En effet, selon lui, Louis-Charles possédait de nombreuses cicatrices sur le visage, ainsi qu’une tâche de naissance sur la cuisse gauche.
Or, le corps retrouvé dans la cellule n’en possédait pas.
De plus, des autopsies auraient révélé que l’âge du défunt était d’environ 14 ans ou plus. Et à cette date, l’héritier de la couronne n’avait que 10 ans.
Une donnée confirmée dans l’acte de décès, signé par le docteur Jean-Baptiste Dumangin, qui, étonnamment, meurt empoisonné quelques jours plus tard.
Un décès qui paraît plus que suspect…
Mais en regardant de plus près les archives de l’assistance publique, nous observons que trois médecins sont morts en cette année 1795, et tous trois de la même affection…
De nouvelles « preuves »
Le dauphin aurait-il été remplacé par une autre pour masquer son évasion ?
Cette hypothèse est longtemps alimentée, notamment parce que, dès 1815, à la chute de Napoléon, de « faux Dauphins » se mettent à revendiquer le trône. L’idée de la survie du prince est très présente dans l’imaginaire collectif français, rendant possible ce « phénomène ».
Comme le célèbre escroc « baron de Richemont » (1788 ? – 1853).
Ou Charles-Guillaume Naundorff, cet horloger prussien, décédé en 1845, qui fit graver sur sa tombe l’épitaphe « Ici repose Louis XVII » ! (Malheureusement pour Richemont, contrairement à son « confrère », il n’a pas de descendance, le nom de Bourbon n’est ainsi pas transmis.)
Pour faire taire la rumeur publique, on demande l’exhumation du corps présumé de Louis XVII en 1846, puis en 1894.
Le constat semble sans appel : le cadavre n’est pas Louis XVII.
Compte tenu de la taille de l’enfant est de son crâne, il s’agirait bien d’un garçon d’entre 14 et 15 ans.
De plus, le corps posséderait des différences notables avec les descriptions physiques faites du prince. Celui-ci serait un squelette récupéré dans un hôpital, et identifié comme celui de Louis XVII, car le crâne était ouvert en deux, preuves qu’une autopsie avait été pratiquée.
Peut-être cette nécessité de trouver le corps émanait-elle d’une volonté de faire du jeune prince une sorte de martyr de la Révolution française.

avec sa famille à la prison du Temple le 20 janvier 1793
Une clef au mystère?
En 2000, c’est au tour de la médecine moderne de se pencher sur l’énigme.
Des chercheurs de l’Université Catholique de Louvain réalisent des analyses ADN sur le cœur de Louis XVII, disposé à la basilique de Saint-Denis.
Verdict ? Le cœur appartient bel et bien au fils de Marie Antoinette. Louis XVII serait ainsi bien mort au Temple.
Néanmoins un mystère comme celui-ci ne peut se résoudre aussi simplement.
Certains érudits, contemporains du prince, affirmaient que ce cœur était celui de Louis-Joseph, premier enfant du couple royal mort en 1789.
En y réfléchissant bien, nous pourrions nous dire que le sauveur, le « libérateur » du Prince ne serait pas resté dans le silence à la chute de Napoléon en 1815. Il aurait tiré la gloire de son exploit.
Cependant, la présence du duc de Provence, frère de Louis XVI nuance le tableau. Sa puissance aurait pu effrayer cette personne.
Que de suppositions qui n’aboutissent pas sur des certitudes.
De nombreuses personnes se sont ainsi présentées comme étant les descendants de Louis XVII, appuyant ainsi la thèse de son évasion.
À jamais un mystère
Ainsi, nul ne sait si le petit prince est bien décédé dans sa cellule de la tour de la prison du Temple ou non.
Cette enfant ayant vécu pendant les dix années des plus cruciales de l’histoire de France, a très vite été confronté au funeste destin de la monarchie.
La survie de Louis XVII fait partie des énigmes de l’Histoire, toujours très présentes dans l’imaginaire collectif.
Comme l’existence de l’homme au masque de fer ou le destin d’Anastasia Romanov.
Pour certains contemporains, il est difficile d’imaginer qu’un enfant de sang royal ait trouvé la mort dans de telles conditions. Néanmoins pour les autres, cette mort est le symbole de l’extrémisme et de la cruauté des révolutionnaires. Le mystère règne alors.
Les historiens restent divisés sur le sujet.
Aucune certitude n’existe.
On ne pourra sans doute jamais démêler le vrai du faux …
La vérité était « simple » : une vengeance :
http://louisxvii.canalblog.com/
Bravo pour vos recherches 🙂
Merci bcp!!
Intéressant et écriture dynamique
Quelles sont tes sources pour la partie autopsie ?
Merci d’avance
Merci pour le commentaire !
J’ai transmis la question à l’autrice du texte, elle te répond rapidement 😉
Bonjour,
Je vous recommande vivement le livre « Louis XVII a survécu à la prison du Temple – La preuve par l’analyse ADN ».
En effet il s’agit d’une double biographie de Louis XVII et d’un de ses descendants qui présente à la fin du livre les résultats croisés de 4 analyses ADN réalisées entre Février 2014 et Novembre 2015. C’est édifiant !
Votre présentation est un très bon résumé OBJECTIF ! Félicitations, c’est rare !
Je vous recommande également le Rapport Boissy d’Anglas (ancien sénateur du début du XXe siècle) qui fait très longuement intervenir l’historien Otto Friedrich, spécialiste de la question Louis XVII, sur l’identité entre Naundorff et Louis XVII. (Accessible aux archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine).