Chapeau bas !

S’il est moins porté de nos jours, le chapeau existe depuis l’Antiquité.
Derrière sa forme, se cache davantage que des critères esthétiques : chaque couvre-chef raconte une époque et distingue les classes sociales.
On vous raconte les origines de dix chapeaux mythiques et leur place dans la culture.
Le béret
Un couvre-chef bien de chez nous comme le veut le célèbre stéréotype : les Français se promèneraient toujours avec baguette, marinière et béret !
Pourtant, à ses origines, il n’a rien de glamour.
Le béret vient du Béarn où les bergers le portaient dès le Moyen Âge.
Originalement en laine, plat et sans bord, le berret (« bonnet » en gascon) les protégeait du froid et de la pluie.
Commercialisé dès 1810, le béret devient rapidement, par sa résistance aux intempéries, le chapeau préféré des militaires, pêcheurs et ouvriers.
Côté culture
Étonnamment, le cinéma fait porter le béret aux femmes.
Il a été immortalisé par Michèle Morgan dans Le Quai des brumes et Faye Dunaway dans Bonnie and Clyde.

Le bob
En 1900, dans l’Irlande d’où il vient, on l’appelle bucket hat (chapeau seau).
Mais aussi fisherman’s hat (chapeau du pêcheur), car en coton à bords mous, il est idéal pour les marins qui veulent se protéger de l’eau.
Alors pourquoi ce couvre-chef devient-il « bob » en France ?
En raison de la Seconde Guerre mondiale et des soldats américains, surnommés Roberts, qui le portaient.
Côté culture
Au cinéma, le bob donne un air benêt à l’inspecteur Clouseau dans les Panthère Rose, à Sean Connery en père d’Indiana Jones dans La dernière croisade et à Johnny Depp dans Las Vegas Parano.

Le Borsalino
Ce chapeau de feutre souple, rabattu à l’avant, s’appelle également Fedora, du nom de la pièce de Victorien Sardou et du personnage éponyme, créé par Sarah Bernhardt, en 1882.
Si en Angleterre cette référence est restée, en France on lui préfère le nom de son créateur italien, Giuseppe Borsalino (1934-1900).
Ce couvre-chef est fabriqué pour la première fois en 1857, mais gagne plusieurs prix, notamment à l’Exposition universelle de 1900.
Côté culture
Dans les années 1930, le borsalino devient un signe distinctif des gangsters, que le cinéma reprend ensuite.
En 1970, il est porté par Delon et Belmondo dans le film de Jacques Deray.
C’est également un accessoire indissociable d’Indiana Jones et de Michael Jackson.

Le canotier
Pour connaître les origines d’un des chapeaux indissociables de la culture française, il faut remonter aux années 1880, lorsque les canots sont autorisés sur la Seine.
Porté par les rameurs qui maniaient ces embarcations, le canotier devient célèbre grâce à Coco Chanel, qui s’impose dans la mode comme chapelière avant de se lancer dans la haute-couture.
Côté culture
En 1881, Auguste Renoir immortalise les canotiers et leurs chapeaux dans Le Déjeuner des canotiers.
Dès 1920, le chanteur Maurice Chevalier ne le quitte plus, contribuant à son succès international, puisque même Charlie Chaplin et Buster Keaton finissent par l’adopter.

La casquette
En 1571, l’Angleterre impose, sous peine d’amende, le port d’un couvre-chef aux hommes (sauf les aristocrates) le dimanche.
C’est alors que naît cette coiffe en tweed à visière, synonyme de la classe ouvrière au fil des siècles, et particulièrement fin XIXe.
Puis la casquette s’impose dans le sport, notamment grâce à la tennis-woman américaine Alice Marble, qui la porte quand elle gagne un grand chelem en 1930.
Côté culture
Ce n’est pas exactement le même modèle que celle portée aujourd’hui par les sportifs, mais on parle déjà casquette dans la littérature classique.
Par exemple, celle de Sherlock Holmes, qui comporte un couvre-nuque.
Ou celle du mari de Madame Bovary, décrite par Flaubert dans son incipit.

« C’était une de ces coiffure d’ordre composite, où l’on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d’expression comme le visage d’un imbécile. »
Madame Bovary, Gustave Flaubert
Le chapeau cloche
Au début du XXe siècle, la mode commence à libérer la femme des corsets et des coiffures élaborées.
L’époque charleston impose un look androgyne.
Pour que la coupe à la garçonne reste impeccable, la modiste Caroline Reboux crée un nouveau chapeau, qui tarde à s’imposer et qui disparaît avec l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale.
Côté culture
Véritable symbole des Années Folles et du style Art Déco, le chapeau cloche est porté par tous les icônes de l’époque (Joan Crawford). Aujourd’hui encore, il apparaît dans les films ambiance en 1920, comme L’Échange de Clint Eastwood, avec Angelina Jolie.

Le chapeau melon
À Londres, d’où il vient, on l’appelle bowler hat, du nom des deux chapeliers qui l’ont inventé en 1849 : Thomas et William Bowler.
Le chapeau melon est d’abord inventé pour protéger des hautes branches les garde-chasses à cheval.
Côté culture
C’est le symbole du Londres des années 1950-60, porté par John Steed, le personnage de The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir).

Le haut-de-forme
Le haut-de-forme est, dès sa création au début du XIXe siècle, un signe de distinction sociale.
Aujourd’hui, c’est clairement un accessoire de déguisement …
Côté culture
… Ou un moyen de se différencier, comme le guitariste Slash qui en a fait son chapeau fétiche.
Dans la littérature, le haute-de-forme est associé au Chapelier fou d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.

Le Panama
Un chapeau d’origine équatorienne, comme son nom ne l’indique pas !
Sans doute créé au XVIe siècle, il est porté par les ouvriers, travaillant de 1882 à 1914, à la construction du canal de Panama, qui relie les océans Pacifique et Atlantique.
Les Américains lui donnent alors son nom.
Attention, ne le confondez pas avec le Borsalino.
Si le modèle est ressemblant, le Panama doit être fabriqué en paille et non pas en feutre.
Côté culture
Le Panama a forcément été porté par le président américain Théodore Roosevelt lors de l’inauguration du canal. On le voit aussi dans plusieurs films, comme Gatsby le Magnifique (la version de 1974 avec Robert Redford).

Le sombrero
En espagnol, sombrero veut tout simplement dire « chapeau ». Le terme est donc utilisé pour plusieurs modèles.
Il existe le sombrero cordobès créé à Cordoue autour du XVIIe siècle, que l’on voit aujourd’hui porté lors des corridas.
Le sombrero charro est quant à lui mexicain, au bord plus ample afin de protéger du soleil brûlant d’Amérique centrale.
Côté culture
Même si l’action de la série Zorro se déroule en Californie lorsqu’elle était encore espagnole, le « renard » porte le modèle cordobès.
Le sombrero mexicain apparaît dans tous les albums de bande dessinée Lucky Luke !

Un peu d’étymologie
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