Quand les médecins pillent les grands auteurs !

On connaît le complexe d’Œdipe qui prend son nom du célèbre mythe grec.
Mais il existe bien d’autres dysfonctionnements incarnés par des personnages romanesques, ou même par leur auteur !
Découvrez 10 syndromes inspirés de la littérature.
Syndrome d’Alice au pays des merveilles
Aussi appelé syndrome de Todd (du nom du psychiatre qui en parla le premier en 1955)
Inspiration : le célèbre roman éponyme de Lewis Carroll, paru en 1865
Après avoir suivi un lapin pressé, le personnage principal Alice se retrouve dans un univers parallèle, peuplé de personnages hauts en couleurs, et où le temps est déréglé.
Il s’agit d’un ensemble d’hallucinations qui surviennent lors d’une migraine.
Todd découvrit que certaines personnes pouvaient alors voir leur perception s’altérer, tout en gardant leur lucidité.
Il semblerait même que Lewis Carroll ait souffert de ces symptômes et s’en soit inspirés pour rédiger son roman !

Syndrome de la Belle au bois dormant
Aussi appelé syndrome de Kleine-Levin (découvert par le psychiatre Max Levin et le neurologue Willi Kleine dans les années 1930)
Inspiration : le personnage populaire, rendu célèbre par Charles Perrault (1628-1703).
Comme dans le conte, les patients atteints de ce syndrome souffrent d’hypersomnie, pouvant dormir jusqu’à 20 heures par jour.

Bovarysme
Terme créé par le philosophe Jules de Gaultier en 1892
Inspiration : Madame Bovary, le roman de Gustave Flaubert paru en 1857.
Malgré un mariage qui a amélioré sa condition, Emma Bovary est frustrée.
Les livres lus dans sa jeunesse lui faisaient miroiter une vie trépidante et la sienne l’ennuie tant, qu’elle finit par se suicider.
Le bovarysme décrit un état psychologique d’insatisfaction provoquée par la lecture.
Pour Flaubert, son personnage souffrait de la « rencontre des idéaux romantiques face à la petitesse des choses de la réalité ».

Syndrome de Godot
Inspiration : En attendant Godot, la pièce de Samuel Beckett écrite en 1948.
Dans ce chef d’oeuvre du théâtre de l’absurde, deux vagabonds attendent Godot … qui n’apparaît jamais !
Sa venue est sans cesse reportée au lendemain mais les deux personnages l’oublient.
On parle de syndrome de Godot pour décrire une manifestation anxieuse chez les patients atteints de démence ou d’Alzheimer.
Ceux-ci se mettent alors à suivre, pas-à-pas et sans raison apparente, leur aide-soignant.


Syndrome de Münchhausen
Inspiration : Le Baron de Münchausen (1720-1797), un officier allemand à la réputation d’affabulateur.
En 1785, l’écrivain Rudolf Erich Raspe le caricature dans Les aventures du baron de Münchhausen, qui raconte notamment son voyage vers la Lune à cheval sur un boulet de canon !
Le syndrome qui porte son nom est une maladie psychiatrique caractérisée par un besoin de simuler une maladie pour attirer l’attention.

Syndrome d’Othello
Aussi appelé délire de jalousie.
Inspiration : le personnage de Shakespeare
Dans la pièce qui porte son nom, l’officier maure Othello tue sa femme Desdémone par jalousie.
Son sous-lieutenant Iago l’a manipulé en lui faisant croire qu’elle le trompait.
Quand il découvre que ce n’était pas le cas, Othello se suicide.
Le syndrome d’Othello est une forme de paranoïa qui touche majoritairement des hommes.
Ceux-ci croient être constamment trompés par leur compagne.
Ce délire est l’objet du film de François Cluzet, L’Enfer (1964), avec Romy Schneider et Serge Reggiani.

Syndrome de Peter Pan
Inspiration : le personnage du roman de J.M.Barrie, publié en 1911.
Peter Pan est un petit garçon vivant au Pays Imaginaire, qui refuse de vieillir.
Comme lui, les personnes souffrant de ce syndrome ne souhaitent pas grandir.
Ce désir est si fort qu’il peut parfois entraîner des symptômes physiques, comme un retard de croissance.
Si on parle souvent de Michael Jackson pour illustrer le syndrome de Peter Pan, c’est surtout son auteur J.M.Barrie qui en souffrait !
Plus de détails sur notre article : Pourquoi Peter Pan n’est pas un livre pour les enfants.

Syndrome de Popeye
Inspiration : le personnage du comic-strip de E.C.Segar, distribué dès 1919.
Popeye est un marin borgne et bourru aux gros bras.
Dans les dessins animés, il tire sa force surhumaine de la consommation d’épinards !
On appelle syndrome de Popeye l’apparition d’œdèmes irréversibles sur les avant-bras, leur faisant quadrupler de volume.
Cette déformation est due à l’injection de Subutex, un médicament prescrit pour aider les héroïnomanes à se sevrer.

Syndrome de Rapunzel
Aussi appelé trichophagie.
Inspiration : la princesse Rapunzel (en français, Raiponce), dont le conte a été retranscrit par les frères Grimm (1812).
Sa principale caractéristique : une très longue chevelure qu’elle lance par la fenêtre de la haute tour où elle est enfermée.
Il touche les patients qui ne peuvent s’empêcher d’arracher et d’ingérer leurs cheveux.

Syndrome de Stendhal
Aussi appelé syndrome de Florence.
Inspiration : Une expérience vécue par l’auteur français Stendhal (1783-1842) lors d’un voyage en Italie.

« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés.
dans Rome, Naples et Florence (1826)
En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »
Le syndrome de Stendhal est un trouble du voyage, décrit en 1979.
Cette maladie psychosomatique provoque de la tachycardie, des vertiges voire des hallucinations, après avoir vu beaucoup d’œuvres d’art.