« Allô Maman Bobo »

Premier pilier de notre vie, la mère est un thème universel, que l’art explore à l’infini.
Le cinéma n’est pas en reste et nous donne de quoi étudier l’impact de cette présence parfois douloureuse, parfois comique, toujours vitale.
Voici 17 films qui mettent la mère au centre de l’histoire.
Mère-enfant, quand c’est compliqué …
Tout Xavier Dolan
Le jeune réalisateur est devenu le spécialiste des relations mère-fils difficiles.


Dès son premier long-métrage, le ton est donné.
Dans J’ai tué ma mère (2009), il interprète un jeune homme qui déteste sa mère, tout en cherchant à la reconquérir.
Tom à la ferme (2013) et Juste la fin du monde (2016) dressent également le portrait de femmes en apparence fortes, qu’il faut pourtant épargner en leur mentant.


Mommy (2014) est son meilleur film sur ce thème.
Anne Dorval joue le rôle d’une mère dépassée par son adolescent souffrant de troubles psychiques.
Cette fois, la figure maternelle subit plus qu’elle n’impose.
« À l’époque de J’ai tué ma mère, j’avais voulu, je pense, punir ma mère. Seulement cinq ans ont passé depuis, mais je crois bien qu’aujourd’hui, à travers Mommy, j’essaie maintenant de la venger. Allez comprendre… »
_ Xavier Dolan
Chez d’autres réalisateurs


Une des relations mère-fils les plus connues est celle racontée par l’écrivain Romain Gary dans La Promesse de l’Aube.
En 2017, Éric Barbier a adapté au cinéma ce roman autobiographique qui décrit la foi inconditionnelle et étouffante d’une mère célibataire pour son enfant.
Charlotte Gainsbourg interprète cette femme à l’ambition par procuration, tandis que Pierre Niney joue l’adulte qui cherche à combler ses attentes.
Et il y arrivera : Romain Gary est le seul écrivain à avoir obtenu deux fois le prix Goncourt.
« Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube,
une promesse qu’elle ne tient jamais.”
_ Romain Gary

La promesse de l’aube est cité dans un autre livre, également adapté au cinéma : La tête en friche (2010) avec Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus.
Ou comment une mère indigne peut être remplacée par une autre que l’on se choisit.

Les relations filiales ne sont pas difficiles que pour les fils.
Dans Maman (2012) d’Alexandra Leclère, deux filles adultes (jouées par Mathilde Seigner et Marina Foïs) sont obligées de kidnapper leur mère (Josiane Balasko) pour obtenir enfin un minimum d’attention.
… Voire dangereux !
L’amour peut devenir adoration, emprise et perversité.
Et au cinéma, la mère crée parfois des monstres ou en devient un elle-même.
Mon fils, ce tueur

Dans Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock, inspiré du roman de Robert Bloch, la mère n’existe plus que dans la mémoire et le corps de son fils, Norman Bates.
Castratrice et pousse-au-crime, il l’incarne pour tuer.
Elle est donc la responsable involontaire de ses meurtres à lui.

Dans We need to talk about Kevin (2011), Tilda Swinton a peur d’un fils psychopathe qu’elle est la seule à deviner.
Il est sadique, mais sa culpabilité de mère l’empêche de le freiner.
Ma mère, cette castratrice
La mère n’est pas toujours une garantie de compréhension, ni de douceur.

La pire des figures maternelles de la littérature est sans doute Folcoche de Vipère au poing qui décrit l’enfance malheureuse de son auteur, Hervé Bazin.
Philippe de Broca adapte le roman en 2004 avec Catherine Frot, qui joue cette mère psychorigide et cruelle, trente ans après Alice Sapritch.

Et quand la mère est vraiment trop problématique, il reste toujours la solution de Danny DeVito : commanditer son meurtre, quitte à devoir tuer en échange, comme dans la comédie Balance maman hors du train (1987).
Une figure comique
Car oui, tout comme la belle-mère qu’on adore détester, la mère est un classique du rire.

Elle ne comprend pas sa progéniture ? Rien n’est impossible pour Hollywood !
En 1976 puis en 2003, Freaky Friday permet à une mère et sa fille d’échanger leur corps.
Rien de tel pour être en empathie avec l’autre !

En France, Alexandra Lamy fait face au conflit générationnel quand elle cohabite involontairement avec sa mère, Josiane Balasko, dans Retour chez ma mère (2016).

Certes la confrontation mère-enfant peut devenir un thème facile qui donne parfois des comédies très légères et sans prétention.
Mais avouons que ça marque l’esprit. Car, qui a oublié Marthe Villalonga, la mère juive envahissante d’un Guy Bedos effacé, dans Un éléphant, ça trompe énormément (1976) d’Yves Robert ?
L’amour malgré l’absence
Et puis, heureusement, il y a tout de même la mère qui aime sans artifice. Mal parfois. Mais toujours, et jusqu’au-delà du manque.
Pedro Almodóvar est sans doute le réalisateur qui aime le plus les femmes. Et bien entendu, il admire les mères.

Tout sur ma mère (1999) raconte le deuil d’une femme qui a perdu son fils adoré sous ses yeux.
Il n’est plus mais, à travers tout un parcours rocambolesque, elle le retrouve.

Volver (2006) montre également tout ce qu’une femme peut faire pour une fille, jusqu’à tuer ou se faire passer pour morte.

Et quand une mère un peu indigne, un peu maladroite, s’en va pour de bon, elle existe encore, mais sans ses imperfections. Comme dans Mauvaise fille (2012) de Patrick Mille, d’après le roman autobiographique de sa compagne, Justine Lévy.
Car d’une façon ou d’une autre, les films sur les mères sont toujours des histoires d’amour.