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Les Vanités, la peinture de la mort

    Les natures mortes qui font peur

    Vanités peinture
    Haec Sola Virtus, Anonyme appelé Le Maître de la Vanité (vers 1650)

    Les vanités ne vous disent peut-être rien, pourtant vous en avez sûrement déjà vu.
    Il s’agit de ces tableaux baroques, qui montrent sur fond noir un crâne posé près d’un sablier, d’une statue et d’une fleur terne. Et vous n’avez sûrement pas beaucoup aimé ça !
    Normal, la vanité est un thème pictural classique pensé pour filer le bourdon.

    On vous explique le message caché dans ces tableaux.

    Un fond de dépression !

    Comme sa cousine, la nature morte, la peinture des vanités existe depuis l’Antiquité.

    Mosaïques de Pompéi, Ier siècle av. J.-C.

    Mais elle s’impose aux Pays-Bas au début du XVIIe siècle, une époque loin d’être joyeuse.
    L’Europe vit alors une succession de guerres, de famines et d’épidémies de peste.

    De quoi méditer sur la fragilité de l’existence humaine.
    À quoi bon accumuler des richesses si demain peut ne jamais arriver ?
    C’est exactement la philosophie expliquée par un passage biblique, issu de l’Ancien Testament, qui donne son nom au courant pictural.

    « Vanité des vanités, tout est vanité. » (Ecclésiaste 1:2)

    L’être humain meurt. Tout ce qu’il fait de son vivant ne peut éviter ce constat.
    Sauf sa propre spiritualité.

    Dans ce contexte historique maussade, les artistes transmettent donc ce message.
    Mais sans fioriture ni imagerie religieuse, Réforme oblige.

    En effet, l’influence protestante fait bannir les Saints et autres idoles qui plaisent tant au Catholicisme.
    L’art flamand remplace alors toute figure humaine par des objets inertes du quotidien.

    L’admiration suscitée par les grandes fresques religieuses laisse la place à de petits tableaux, aux dimensions plus aptes à la méditation intime.

    Comprendre la peinture des vanités

    Vous l’avez compris, la vanité est une allégorie.
    Mais comment illustrer la vie en tant que bref cheminement qui mène inexorable vers la mort, et en plus donner envie de retrouver Dieu ?
    Par l’association d’objets symboliques.

    Vanités peinture
    Vanité, Philippe de Champaigne (1602-1674)
    Vanité, Simon Renard de Saint-André (1650)

    Ainsi, l’argent, les bijoux et tout autre élément précieux évoquent évidemment la richesse.
    Le plaisir est représenté par des pipes, des aliments (fromages, jambon …), des instruments de musique ou des jeux.

    Ces éléments sont posés près de crânes, de montres ou des sabliers, de bougies consumées, de fleurs …
    Impossible alors de ne pas penser à la mort, au temps qui passe, à la perte de l’étincelle de vie.

    Parfois la spiritualité est évoquée par des symboles de résurrection et de vie éternelle, comme les épis de blés ou une couronne de laurier.
    Mais généralement les vanités n’évoquent pas le salut et se contentent du constat définitif : la mort est proche ! Voilà.

    Vanités peinture
    Vanité au Spinario, Pieter Claesz (1628)

    La mort vous va si bien !

    Si la vie / la mort est un thème récurrent dans l’Art, les vanités mystiques ne font pas long feu.
    Et si ses éléments symboliques apparaissent toujours au fil des siècles, c’est en tant qu’accessoire.

    Saint Jérôme écrivant, Le Caravage (1606)

    Le contexte belliqueux du XXe siècle inspirent à nouveau les artistes mais ils n’y répondent plus sous un prisme religieux.

    Le boeuf écorché, Chaïm Soutine (1925)
    rappel du même sujet peint par Rembrandt en 1655
    Schädel (Crâne), Gerhard Richter (1983)

    Ainsi, le crâne devient parfois un symbole dérisoire, presque sympathique.
    Comme dans la série des Skulls d’Andy Warhol (1976), où les couleurs rappellent que la mort fait partie de la vie.

    2 commentaires sur “Les Vanités, la peinture de la mort”

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