Quand l’un aime et l’autre pas

C’est le scandale qui a mis Elisabeth II sur le trône du Royaume-Uni. Wallis Simpson, américaine, deux fois divorcée, pour qui Edouard VIII abdiqua. Un sacrifice au nom de l’amour pour quelqu’un qui n’en demandait pas tant !
Quand Édouard VIII rencontre Wallis Simpson
Au début des années 1930, l’opportuniste Wallis est mariée au riche industriel Ernest Simpson.
Ça ne l’empêche pas de convoiter un meilleur parti : le prince de Galles.
Pour s’en approcher, Wallis Simpson devient amie avec sa maîtresse du moment, Thela Morgan, vicomtesse Furness.
Celle-ci l’invite à rencontrer son royal amant lors d’une partie de chasse à Burrough Court, le 10 janvier 1931.
Entre le futur Édouard VIII et Wallis Simpson, pas de coup de foudre, mais une complicité immédiate.
Ils se revoient au cours de nombreuses soirées, de longs week-ends …
Et en 1934, ce qui devait arriver, arriva !
Wallis Simpson, la bête noire
La réputation de Wallis Simpson fait tâche chez les Windsor.
Wallis serait cupide, ambitieuse, sulfureuse.
L’archétype de la femme entretenue que la cour et le gouvernement ne peuvent accepter.
En 1916, elle a épousé Earl Windfield Spencer Jr., un officier de marine et espion qu’elle accompagne à Hong Kong.
Pendant que son mari multiplie les maîtresses (et amants), Wallis Simpson ne se prive pas.
Le prince Caetani, l’ambassadeur de l’Italie fasciste.
Felipe Espril, le premier secrétaire à l’ambassade d’Argentine.
Et même Galeazzo Ciano, le futur gendre du Duce, dont elle tombe enceinte (l’avortement la rendra stérile).
La liste des liaisons est longue.
En Asie, Wallis Simpson aurait même fréquenté les maisons closes pour s’initier aux techniques érotiques ancestrales.
En 1927, l’américaine se fatigue de son mari alcoolique et violent.
Elle le quitte pour Ernest Simpson … qu’elle quitte ensuite pour le prince de Galles !
Deux malentendus
Le mariage
À 38 ans, Wallis Simpson se rêve en femme de l’ombre couverte de bijoux.
Une maîtresse royale profitant des privilèges, mais sans aucune obligation.
Mais le prince de Galles, fou amoureux, compte officialiser sa relation.
Tant pis si sa famille ne la supporte pas !
En janvier 1936, à la mort du roi George V, Édouard VIII monte sur le trône.
Dès le lendemain de sa nomination, il brise le protocole en s’affichant avec Wallis Simpson, toujours mariée.
En août, le couple effectue même une croisière en Méditerranée, sans se soucier du qu’en-dira-t-on.
Les moqueries et les critiques fusent.
Le gouvernement est mécontent.
Alors, en octobre, Wallis Simpson se voit contrainte de lancer sa procédure de divorce.
Un autre scandale : pour l’obtenir, Ernest doit monter un faux adultère dans un hôtel !
Alors, pour faire taire la presse, elle part chez des amis sur la Côte d’Azur.
L’abdication
La vie de Wallis Simpson prend un tournant inattendu le 11 décembre 1936.
Depuis la France, elle écoute la BBC et découvre l’annonce qui fait trembler le Royaume-Uni.
“Vous devez me croire quand je vous dis qu’il m’est impossible de supporter le lourd fardeau des responsabilités d’État sans le soutien de la femme que j’aime…”
11 mois après son couronnement, Édouard VIII abdique ; elle n’est pas au courant.
Wallis Simpson est furieuse.
Elle, qui avait envisagé de retourner auprès d’Ernest, est désormais obligée d’épouser celui qui n’est désormais que prince.
Adieu la couronne, le palais et jusqu’au titre d’Altesse royale qu’elle n’obtiendra jamais.
Tout revient à Bertie, son beau-frère à l’élocution tremblante (incarné par Colin Firth dans Le Discours d’un roi ), père de la future Élisabeth II.
Wallis Simpson et le désormais duc de Windsor s’exilent en France.
Ils s’y marient le 3 juin 1937.
Aucun membre de la famille royale n’est présent et la mariée (en noir) ne sourit sur aucune photo !
Wallis Simpson, amoureuse … d’un autre !
Son grand amour était Herman Rogers, un beau et riche Américain, athlète et diplômé de Yale.
Marié à son amie Katherine, il l’avait recueillie chez eux, après sa séparation mouvementée d’avec Spencer.
Le couple était resté ses plus intimes confidents.
Mais Herman avait surtout tapé dans l’oeil de Wallis … et pour une fois, aussi dans son coeur.
À la mort de Katherine, en 1949, Wallis Simpson espère améliorer son désespérant statut d’amie.
En vain. Le millionnaire va épouser Lucy Wann.
Désespérée, elle lui envoie le télégramme de la dernière chance : “Ne fais rien avant mon retour (…) [signé :] ton ange gardien”.
Comme elle ne peut l’éviter, la duchesse de Windsor apparaît le jour des noces, après le départ des invités.
Elle offre un plateau en argent au marié, mais un sac en paille à sa rivale !
Les deux femmes auraient alors eu un échange édifiant :
“- Je te rends responsable de ce qui arrivera à Herman. C’est l’unique homme que j’ai vraiment aimé.
– Tu as obtenu ton roi, j’ai obtenu Herman.”
Édouard VIII, pour le meilleur et pour le pire
Malgré ses déceptions d’amour et d’ambition, Wallis Simpson profite de sa vie auprès d’Édouard.
Et s’il n’y a plus de romantisme entre eux, les années leur laissent une belle complicité.
Ils partagent le goût pour le golf, la lecture, les voyages … Et du nazisme !
Dès l’avènement d’Hitler en 1933, comme beaucoup d’aristocrates britanniques, ils encouragent le parti nazi, qu’ils imaginent conservateur et un rempart contre la Russie communiste.
Wallis Simpson noue des amitiés avec plusieurs hauts dignitaires allemands.
Des relations qui ne dérangent pas Édouard VIII, même lorsqu’il est roi.
Au contraire.
D’ailleurs, son abdication n’aurait ainsi pas été motivée par l’amour, mais par le gouvernement britannique, soucieux d’éloigner un monarque hitlérophile.
À jamais associée à Édouard VIII, Wallis Simpson ne pleure pas beaucoup sa mort en 1972, mais se retire du monde.
Elle lui survit 14 ans.

Sources
El País – Point de vue – Vanity Fair (Fr) – Vanity Fair (Esp) – The Guardian – Abc